Les racines de la violence

Jun 29, 2025Par Zorica Spasevska

ZS

Violence des guerres, qui déchirent des peuples et redessinent des frontières dans le sang. Violence des mots, dans le débat public comme dans nos relations. Violence des systèmes, des exclusions, des silences. Mais aussi violence plus intime — celle qui surgit parfois en nous, dans un accès de colère, une tension qu’on ne comprend pas toujours, une agressivité qu’on ne reconnaît pas chez soi. 

C'est est un phénomène qui dépasse largement la simple manifestation extérieure de coups ou d’agressions visibles. Pour la psychanalyse, la violence trouve ses racines dans la complexité de la psyché humaine, dans ses conflits internes et ses tensions inconscientes. Elle est le reflet d’un conflit entre pulsions, d’un équilibre fragile entre forces contraires qui s’affrontent au sein du sujet.

La pulsion de mort et la pulsion de vie : un combat intérieur


Sigmund Freud, pionnier de la psychanalyse, a théorisé la notion de pulsion de mort (Thanatos) en opposition à la pulsion de vie (Éros). Tandis qu’Éros tend à préserver, unir, créer du lien, Thanatos pousse vers la destruction, la désagrégation, et, parfois, la violence. Cette double dynamique ne se manifeste pas uniquement dans le monde extérieur, mais s’inscrit profondément dans l’inconscient de chacun.

La violence devient alors une expression possible d’une pulsion destructrice qui cherche à se décharger.

Elle peut surgir comme une explosion, une crise, mais aussi s’inscrire dans des comportements répétitifs, autodestructeurs, ou dirigés vers l’autre.

La violence comme langage de la souffrance


Selon Boris Cyrulnik, la violence traduit souvent une souffrance affective profonde. Lorsque les liens affectifs sont fragiles, incohérents ou insécurisants, le sujet ne peut intégrer l’autre comme un objet de confiance.

L’autre devient alors une source potentielle de menace, et la violence s’impose comme un moyen de défense ou d’affirmation.

La violence est une forme de communication — même si elle est maladroite et destructrice. Elle est une tentative, souvent inconsciente, d’exprimer une douleur intérieure que les mots ne savent pas dire. Elle peut être une demande d’attention, une recherche de reconnaissance, un cri silencieux face à un sentiment d’abandon ou d’injustice.

Le rôle des défenses psychiques et du refoulement


Dans la théorie psychanalytique, le refoulement joue un rôle clé. Les émotions et pulsions violentes, perçues comme menaçantes par le Moi, peuvent être refoulées dans l’inconscient. Cette répression ne fait pas disparaître la violence, elle la transforme, la déplace. Elle peut ainsi resurgir sous forme de symptômes, d’actes manqués, de comportements agressifs incontrôlés.

L’accès à la violence intérieure est aussi souvent lié à des mécanismes de défense : projection, clivage, déni. Par exemple, le sujet peut projeter sur l’autre ce qu’il refuse de reconnaître en lui-même, nourrissant ainsi des conflits interpersonnels violents.

La violence dans la relation d’objet


Le développement psychique, notamment à travers la théorie des relations d’objet, explique que la manière dont l’enfant vit ses premiers liens avec les figures parentales influence profondément sa capacité à gérer la frustration, la colère, et la violence.

Une expérience précoce marquée par des carences affectives, des violences ou des relations incohérentes peut favoriser l’installation de la violence comme mode relationnel. Le sujet n’a pas appris à intégrer la colère ni à la contenir, et il risque de reproduire des schémas de violence dans ses relations.

La violence et le narcissisme blessé


La violence peut également être la manifestation d’une blessure narcissique. L’estime de soi fragilisée, l’humiliation, le sentiment d’injustice, l’abandon ou la honte peuvent déclencher des réactions violentes comme une forme de défense narcissique, pour restaurer un moi fragilisé.

Cette violence narcissique est souvent incomprise par l’entourage, et par le sujet lui-même, ce qui complexifie la reconnaissance et le travail thérapeutique.

Vers une approche thérapeutique de la violence


Dans une perspective psychanalytique, la prise en charge de la violence passe par un travail sur le lien à l’autre, la reconnaissance de la souffrance sous-jacente, et la verbalisation des conflits internes.

Le cadre thérapeutique offre un espace sécurisé où le sujet peut progressivement mettre des mots sur ses affects, comprendre ses mécanismes de défense, et apprivoiser ses pulsions. Ce travail favorise une transformation interne qui peut réduire la nécessité de recourir à la violence comme mode d’expression.


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